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Tromso, Narvik (Norvège) et Abisko (Suède)

2 au 10 août 2014

Nous poussons un peu plus vers le nord jusqu'à Tromso en espérant retrouver une meilleure météo mais ce ne fut malheureusement pas le cas. Nous voilà à 400 km au nord du cercle polaire arctique et pas encore vu un renne! À l'Office de tourisme où on pose la question «Où faut-il aller pour voir des rennes?» les dames sont toutes surprises qu'on n'en ait pas encore vus! «Ça ne devrait pas tarder», nous assurent-elles... Tromso est une jolie ville entourée de montagnes. Les monts Lyngen qui la ceinturent au sud culminent à 1823 m. Nous irons les voir de plus près dans quelques jours.

La cathédrale «arctique» de Tromso

Entretemps, nous découvrons Tromso (67 300 hab.) et tous ses sites qui sont fièrement qualifiés des «plus septentrionaux au monde» : la cathédrale, le jardin botanique, la brasserie, l'université etc. Nous tombons en plein milieu d'un événement mondial, un tournoi d'échecs! C'est drôle de croiser en ville toutes ces nationalités qui exhibent fièrement leurs origines : Madagascar, Israël, Taiwan etc., c'est vrai que les échecs se jouent en silence...

L'édifice emblématique de la ville est la cathédrale arctique bâtie en 1995. Ses onze arches blanches triangulaires symbolisent les crevasses glaciaires et les aurores boréales. Un immense vitrail occupe tout le choeur et représente le retour du Christ sur terre.

Le Vesteralen, un navire de la flotte Hurtigruten

Nous y croisons aussi un bateau de la fameuse ligne Hurtigruten dont les navires sillonnent la côte norvégienne depuis 1893 en transportant de port en port marchandises et passagers, un lien vital pour le pays. Aujourd'hui, la ligne compte 11 navires, transporte chaque année un demi-million de passagers entre Trondheim et Hammerfest (tout au nord de la Norvège) et dessert 35 villes et villages. Plusieurs touristes l'empruntent pour faire tout le trajet ou juste une section, c'est très populaire.

Les épilobes poussent partout en Norvège
Le Jardin botanique, rattaché à l'Université, est bien garni et agréable à visiter. Des plantes de tous les pays nordiques y sont amoureusement entretenues... Scandinavie, Canada, Russie, Hymalaya etc. On a en reconnu plusieurs! Voilà l'occasion de vous parler de la plante qui pousse partout en Norvège en bordure des routes, des champs, des fjords, en milieu sec ou humide, vraiment partout... l'épilobe à fleurs roses... oui la plante que l'on voit souvent aussi au Québec particulièrement sur des terrains dégagés tels les coupes de bois, clairières, ravins humides et lieux incendiés. Il s'agit d'une plante pionnière, l'une des premières à pousser après un incendie de forêt puisqu'elle aime bien les lieux dégagés et a besoin de beaucoup de lumière pour croître. C'est peut-être pour ça qu'elle affectionne la Norvège, les longues journées doivent être propices à sa croissance. Quelle qu'en soit la raison, ces grands massifs roses sont magnifiques dans le décor norvégien et Réal a déjà la projet d'en planter beaucoup à notre retour au Lac St-Charles...!

Lucie au Jardin botanique de Tromso

On pourrait être surpris de voir une végétation aussi variée à 400 km au nord du cercle polaire arctique, au 69038' de latitude nord, sachant par comparaison que le 70 degrés de latitude passe tout au nord de l'Alaska. La raison en est bien simple, le climat des côtes norvégiennes est réchauffé par les courants chauds du Gulf Stream qui longe la côte. Ainsi, à Tromso, les températures hivernales sont plus douces qu'on pourrait le croire pour cette latitude; en janvier, la température moyenne est de -4 C et le record de froid est de -18.4 C! Pas trop dur comme hiver! De plus, Tromso jouit du soleil de minuit du 18 mai au 25 juillet mais, par contre, la nuit polaire dure du 28 novembre au 15 janvier. À tout prendre, nous préférons les hivers québécois froids mais ensoleillés d'autant plus qu'en juillet, on affiche une modeste moyenne de 12C.

Le navire Polstjerna

Dernier coup de cœur à Tromso, le navire Polstjerna qui fait l'objet d'une exposition fort intéressante. Il date du début du 20e siècle et a été utilisé pour la chasse aux phoques, la pêche aux harengs et à la morue et aussi l'exploration en Arctique. On dit qu'il a rapporté dans ses cales plus de 100 000 peaux de phoques... Brigitte Bardot n'était pas née à l'époque...! D'une solidité à toute épreuve, il a su résister aux glaces et aux tempêtes et c'est heureux car il peut aujourd'hui venir témoigner de ce qu'était la rude vie de marin au début du siècle.

C'est à Tromso que nous décidons de faire demi-tour. Nous avons parcouru 7 600 km avec le camping-car depuis notre retour d'Asie à la fin avril. Nous sommes en Norvège depuis 6 semaines, on voudrait bien aussi voir un peu la Suède au retour, il est temps de repartir vers le sud.

Les monts Lyngen près de Tromso

Mais avant de partir, nous allons jeter un coup d'oeil aux monts Lyngen. Malgré le temps brumeux et pluvieux, nous réussissons tout de même à voir le glacier et le sommet le plus haut de cette chaîne de montagnes (1823 m) mais c'est pas de chance pour la rando. Finalement, ce n'est pas un renne que nous verrons mais plutôt une belle grosse femelle orignal (élan comme disent les français), ça compense un peu surtout après avoir vu autant d'affiches signalant la présence de ces bêtes aux abords des routes!

Des suédois voyageant comme nous en camping-car à qui on demande quelle serait la plus belle route à emprunter pour se diriger vers Stockholm nous recommandent de redescendre à Trondheim avant de traverser en Suède. Ils nous affirment à plusieurs reprises que la Norvège a beaucoup plus à offrir d'ici Trondheim car dans le nord de la Suède, les routes sont droites et monotones, on roule des centaines de km en forêt sans rien voir. Nous les croyons donc sur parole et profitons donc encore un peu de la Norvège, des bivouacs en bord de mer et de la pêche qui nous offre encore de belles prises.

 Un trou dans la montagne au Parc national Abisko (Suède)

À la hauteur de Narvik, nous faisons toutefois une incursion en territoire suédois pour aller voir le parc national Abisko à quelques km à l'est de la frontière norvégienne. Malgré le fait que le personnel du parc nous dise que le troupeau de rennes est actuellement en Norvège (mais on en vient et on ne les a pas vus!), nous faisons une belle rando dans le parc avec l'espoir secret de croiser un individu égaré... nous gardons l'oeil ouvert, on ne sait jamais... eh non, ce ne sera pas pour cette fois-ci mais une très belle rando tout de même qui nous offre de belles vues sur un lac de plus de 60 km de long qui borde le parc. Ça valait le détour!

À Trondheim, on vire donc vers l'est et nous parcourons nos derniers 100 km norvégiens dans une belle grande vallée parsemée de jolies fermes rouges et de champs d'orge doré en pleine moisson! Quel bel adieu, belle jusqu'au bout la Norvège!

La Norvège... une nature spectaculaire qui allie mer, fjords et montagnes, une architecture différente toute de rouge colorée, un pays accueillant pour les camping-caristes, le camping sauvage est permis partout, nous avons adoré! Tak (Merci) !

Le centre de la Suède

11 au 18 août 2014

Dès les premiers villages suédois, on s'aperçoit qu'on vient de changer de pays. Les maisons sont encore toutes de bois construites et toujours peintes en rouge mais le rouge est différent, plus foncé. Les églises nous paraissent plus nombreuses, plus joyeuses avec leurs clochers en bulbes et leurs intérieurs de bois peints en bleu.

Nous enfilons les kilomètres et nous traversons les comtés (län) de Jamtlands et Gävleborgs sur de belles routes larges (c'est le bienvenu après les routes étroites de la Norvège) sans rencontrer de site vraiment spectaculaire mais à-travers une nature sauvage peuplée de forêts, de rivières et de lacs.

Bateaux vapeur sur le majestueux lac Siljan

C'est dans le Län de Dalarnas (la Dalécarnie en français), autour de l'immense lac Silijan (52 km de long) que nous commençons vraiment à découvrir la Suède. Les petites villes de Mora, Solleron, Leksand, Tallberg, Rättvik, toutes sises au bord de ce très beau lac, sont charmantes et accueillantes.

Maison typique de Dalécarnie

Des musées en plein-air exposent des bâtiments typiques de la région, en bois, pièce sur pièce. On y retrouve même le bâtiment en bois le plus vieux du pays, il daterait de 1232, âge plus que vénérable quand on sait comment les incendies ont détruit parfois des villes entières au cours des siècles en Scandinavie; les constructions étant toutes en bois, les guerres, la foudre et les incendies accidentels ont détruit beaucoup du patrimoine architectural de ces pays.

Costume traditionnel suédois

Le textile est aussi mis à l'honneur en Dalécarnie. Tissage, broderie, tricot, laine et cuir contribuent à la confection de l'habit traditionnel suédois qui est coloré et très joli. Comme nous l'avions remarqué en Autriche l'été passé, il est encore fièrement porté ici lors des grandes occasions, mariages, baptêmes etc.

Églises blanches ou jaunes, simples mais jolies

Les églises de la région sont simples mais joliment décorées à l'intérieur. Ici, point de style gothique ou baroque mais des bancs de bois peints en bleu, des arabesques sur les murs, des chaires et des retables dotées de sculptures dorées. À remarquer dans les chaires, trois ou quatre petits sabliers qui permettaient de «gérer» la durée des sermons! Bonne idée n'est-ce-pas!

Le cheval de Dalarna, l'emblème de la Suède

Autre curiosité de la région, le cheval de Dalarna, un cheval de bois fabriqué et peint à la main depuis 1928. Traditionnellement, le cheval est rouge mais il peut aussi arborer d'autres couleurs. À la suite de sa présentation au monde lors d'une Exposition universelle au début du 20e siècle aux États-Unis, il est devenu très populaire; il fut d'abord considéré comme l'emblème du comté puis devint l'emblème du pays.

À Solleron, un Arbre de Mai, une tradition bien vivante en Suède
À Solleron, nous faisons une agréable promenade sur un site qui regroupe plusieurs tertres funéraires vikings découverts dans les années 1920. Rien de bien spectaculaire en fait, des petits monticules qu'on croyait être des tas de terre laissés par les paysans, jusqu'à leur excavation dans les années 1920; on y a alors retrouvé des ossements et différents articles qui pouvaient être utiles au mort dans l'au-delà... À défaut de voir les objets découverts dans ces lieux de sépulture viking, nous avons vu des photos, le musée étant fermé, le 14 août, la saison touristique est terminée ici! En Suède, tout comme en Norvège, le thème «viking» est largement exploité : sagas, légendes, bateaux, armes, rois vikings, on ne manque pas une occasion de nous en parler mais finalement, ça demeure assez superficiel puisqu'il reste peu de témoignages de cette époque assez éloignée (8e au 11e siècle), admettons-le. Donc, les vikings, pas un coup de cœur pour nous, un sujet beaucoup trop commercialisé à notre goût.

Mine de cuivre de Falun

Par contre, plus près de nous comme époque et plus intéressant, en Dalécarnie et en bordure du Golfe de Botnie, c'est le phénomène des villages industriels, les «bruck». À Falun, une grande mine de cuivre exploitée depuis 1 300 ans! Au 17e siècle, c'était la plus grande mine de cuivre au monde. Le cuivre de Falun était utilisé pour les pièces de monnaie, les flèches des églises et les toits des châteaux à-travers toute l'Europe; cette industrie a largement contribué à la prospérité de la Suède à cette époque. Le site, très bien préservé, est classé au Patrimoine mondial de l'Unesco. Cette visite nous permet de répondre à une question qui nous trottait dans la tête depuis un petit bout : pourquoi les maisons norvégiennes et suédoises sont pour la plupart peintes en rouge? Eh bien, cette couleur, dont les pigments proviennent de Falun, adoptée au 16e siècle était signe de richesse et de prospérité. Aujourd'hui encore, même si la mine est fermée, la peinture de Falun continue d'être fabriquée et vendue à fort prix car elle est réputée pour bien pénétrer et sceller le bois, le protégeant ainsi des intempéries.

Forsmark, village mimier

En poursuivant notre route, nous rencontrons Lovstabruck et Forsmark, des villages bâtis autour d'une mine de fer. Ces villages industriels sont caractérisés par de petites maisons en rangée toutes identiques pour les ouvriers et leurs familles puis, pour le propriétaire de la mine (et du village), un manoir qui se donne des airs de château avec de grands jardins. Ici, la mine de fer est exploitée depuis le 15e siècle mais la plupart des bâtiments datent du 18e et 19e siècle car à la suite de l'invasion russe de 1719 qui a tout détruit sur son passage, il a fallu tout reconstruite. Fait à noter, à la fin du 17e siècle, l'industrie du fer suédoise a importé une main-d'oeuvre experte dans le domaine depuis la Belgique et, durant 200 ans, ce sont ces forgerons wallons qui ont permis à la Suède de produire un fer d'excellente qualité exporté à travers toute l'Europe et particulièrement en Angleterre.

Sur le quai d'Oregrund

Nous continuons notre descente vers Stockholm en prenant plaisir à nous arrêter à de petites villes côtières du Golfe de Botnie. Cet immense golfe qui sépare la Suède de la Finlande s'étend sur 725 km du nord au sud et est large de 80 à 240 km. Plusieurs rivières s'y déversant, la partie nord du golfe est peu ou pas salée comme en témoignent plusieurs poissons d'eau douce qui y vivent. Le golfe est gelé 5 mois par année contrairement à la mer Baltique qui reste navigable toute l'année. Ces petites villes, telles Oregrund et Norrtelaje où nous avons fait étape, vivent de tourisme et de pêche et reflètent une douceur de vivre que l'on a maintes fois ressentie dans ces petits villages scandinaves blottis dans la nature.

Uppsala et Stockholm

19 au 23 août 2014

Uppsala

La cathédrale d'Uppsala
Nous quittons un peu à regret la côte et sa douceur pour aller nous plonger en ville, nous sommes aux portes de Stockholm mais avant, un petit arrêt s'impose au nord de la capitale, à Uppsala. À quelques kilomètres de la ville actuelle, le vieil Uppsala, réputé comme étant le centre du paganisme suédois, abrite un site viking important et aussi une jolie église d'allure moyenâgeuse.

La cathédrale d'Uppsala, avec celle de Trondheim en Norvège, est la plus grande église des pays scandinaves avec ses tours de briques qui culminent à 119 m dans le ciel. C'est ici, en 1593, après la Réforme, que l'Église de Suède a adopté la doctrine de Luther. Uppsala est aussi dominé par son château peint en rose, visible de loin, car construit sur une colline. La ville regorge de fontaines, de parcs et de places animées où il est agréable de déambuler.

Pour la petite histoire, soulignons qu'à Uppsala ont vécu quelques personnages illustres dont le physicien Anders Celsius (1701-1744) à qui l'on doit une échelle de degrés relative de température dont l'unité, le celsius, l'honore, le naturaliste Carl von Linné (1707-1778) auteur d'un système de nomenclature de toutes les espèces animales et végétales (puis plus tard, minérales) et le réputé cinéaste Ingmar Bergman (1918-2007).

Stockholm

Capitale et plus grande ville de Suède, Stockholm compte 851 000 habitants et accueille la résidence officielle du roi Charles XVI Gustave. Fondée au 13e siècle, ses premiers habitants sont d'ascendance allemande comme en témoigne son architecture. Située sur le bord de la mer Baltique, la ville est construite sur plusieurs îles dont Stadsholmen qui abrite la vieille ville de Stockholm (Gamla Stan). Une autre île, Djurgarden, abrite plusieurs musées et parcs. Beaucoup de boulot quoi! Heureusement, notre camping-car est garé au bord d'un canal près de la vieille ville, un peu, pas mal bruyant mais tellement bien situé au plein centre de l'action, qu'on s'en accommode pour quelques jours.

Le Palais royal sur Stadsholmen

Nous découvrons d'abord la vieille ville, toute coincée sur sa petite île. Avec le Palais royal qui en occupe près de 20% de sa superficie, on comprend vite pourquoi les maisons sont si entassées et les ruelles si étroites. Pas d'espace vert ici, une seule grande place, trois églises mais malgré tout un charme fou avec heureusement de nombreuses perspectives sur l'eau qui l'entoure lui permettant de respirer un peu.

Construit au 18e siècle sur les décombres du précédent palais qui avait brûlé, le Palais royal n'a rien de si spectaculaire vu de l'extérieur mais l'intérieur est somptueux avec ses 1 430 pièces. Malgré l'interdiction de photos, nous avons pu en croquer quelques unes en guise de souvenir...


Stortorget, la Grande Place de la vieille ville

Stortorget est la place pittoresque située au centre de Gamla stan. Cette place fut le lieu d'un bain de sang en 1520 lorsque les membres de la noblesse suédoise furent exécutés sur l'ordre du roi danois Christian II. Le Danemark et la Suède ont une longue histoire de conflits mutuels...

L'église de Riddarholmen, le lieu de sépulture des rois de Suède depuis le 16e siècle

Sur l'île Riddarholmen, littéralement l'îlot des chevaliers qui jouxte la vieille ville, on respire un peu mieux. Elle abrite de nombreux palais du 18e siècle et sa principale attraction est son église qui fut le lieu de sépulture des rois de Suède depuis le 16e siècle. Sa flèche ayant été détruite dans un incendie, on l'a remplacé par une structure de métal qui lui donne un petit air de Tour Eiffel.

L'Hôtel de ville de Stockholm

Depuis l'île, nous avons une vue exceptionnelle sur la baie ainsi que sur l'hôtel de ville de Stockholm construit en briques rouges au début du 20e siècle. Le hall de l'Hôtel de ville est célèbre car il accueille le 10 décembre de chaque année le banquet qui suit la cérémonie de remise des prix Nobel.

Fait cocasse, la tour de l'Hôtel de ville, surmontée de trois couronnes, l'ancien symbole du pays, haute de 106 mètres, dépasse de 40 cm celle de l'Hôtel de ville de Copenhague et ce n'est pas un hasard...!
Face à la vieille ville et au Palais, une minuscule île, traversée par deux ponts, reçoit les édifices du Parlement suédois, comme si le roi surveillait le Parlement ou vice-et-versa!

Après une journée bien remplie de visite de la vieille ville, le lendemain, nous avons choisi de relaxer et d'aller découvrir l'île aux Musées et ses parcs, Djurgarden, à moto et à pied, puisqu'elle fait plus de 10 km de longueur. Une belle journée ensoleillée, trop belle pour aller s'enfermer dans un musée, nous préférons marcher dans les parcs et autour des splendides villas-galeries qui nous offrent des jardins magnifiques où trônent de superbes sculptures, des musées en plein-air comme on les aime ! Que de la beauté, que du bonheur!

Le Vasa, un authentique navire de guerre construit en 1628, une histoire fascinante !

Petit temps gris le lendemain, c'est le temps de se «taper» un musée mais pas un musée traditionnel, celui du Vasa, un navire de guerre construit entre 1626 et 1628 pour le roi Gustave II Adolphe de Suède, de la dynastie Vasa. Un véritable coup de cœur pour ce musée qui met en valeur ce joyau archéologique, une pièce unique au monde! Nous y avons passé plus de 4 heures et nous avons dû procéder rondement pour ne rien manquer!

Maquette du Vasa
 notez les sculptures et les couleurs du tableau arrière
Il s'agit du seul exemplaire au monde d'un bateau du 17e siècle, un trois-mâts de type galion, 69 m de longueur, doté de 10 voiles sur 3 étages. Mais comment un bateau de bois a-t-il pu si bien se conserver à-travers les siècles? Simple, il est resté enfoui dans la vase pendant 333 ans! Lors de son voyage inaugural, le 10 août 1628, après avoir navigué pendant un peu plus d'un mille marin, toutes voiles dehors, sous l'effet d'une brise un peu plus forte, il a soudainement gîté sur son bâbord, l'eau a commencé à entrer par les sabords des canons tous ouverts et, malgré les efforts du capitaine et de l'équipage pour rétablir la gîte, il a sombré en quelques minutes sous le regard horrifié de plusieurs milliers de spectateurs venus assister à son lancement! Une trentaine de passagers et membres d'équipage ont péri. Quelle histoire!

Il était destiné à servir les aspirations expansionnistes de la Suède et de son roi Gustave Adolphe, et aucune dépense n'avait été épargnée pour son équipement et sa décoration. C'était l'un des plus gros navires, l'un des plus lourdement armés de son temps, chargé de centaines de sculptures toutes peintes de couleurs vives.

Les techniques de l'époque ne permettant pas de renflouer un tel navire, seuls les canons ont été récupérés et le Vasa tomba dans l'oubli... jusqu'à la fin des années 1950 où l'épave fut à nouveau localisée dans un chenal situé à la sortie du port de Stockholm. La coque, entière et largement intacte, fut renflouée finalement en 1961 ainsi que plusieurs pièces du navire qui s'étaient détachées et gisaient autour de l'épave. S'ensuivi un travail titanesque qui a duré 29 ans et qui a permis de reconstituer le navire avec 95% de ses pièces originales et de son incroyable ornementation, 700 sculptures décorant l'extérieur du navire.

Tableau arrière avec près de 95% des 700 sculptures originales, impressionnant !

En plus de présenter en détail le navire, d'expliquer le contexte de l'époque, les méthodes de construction, la vie à bord etc., le musée répond à plusieurs de nos questions, la première étant bien sûr, pourquoi a-t-il sombré? Les bâtisseurs de l'époque étaient pourtant bien expérimenté en matière de construction navale... Plusieurs éléments de réponse qu'il serait trop long d'énumérer ici ont contribué à ce naufrage mais, fondamentalement, la coque du navire était trop étroite par rapport à sa hauteur. C'est visible à l'oeil nu et, même pour un néophyte, la catastrophe était prévisible mais le roi avait donné des directives indiscutables qui ont obligé les architectes à faire fi du simple bon sens !

Le musée aborde aussi en détail la question de la conservation du navire. La raison pour laquelle le Vasa était si bien conservé n'était pas seulement que le taret, un mollusque qui normalement dévore les bateaux de bois, n'était pas présent en Baltique mais aussi parce que l'eau du chenal a été fortement polluée jusqu'à la fin du 20e siècle, empêchant la survie de tout micro-organisme qui aurait pu décomposer le bois du navire.

Toutefois, une fois renflouée, l'épave posa des problèmes importants de conservation. La taille immense de la coque constituée de plus de 900 mètres cubes de bois de chêne se serait rapidement dégradée si elle avait été simplement mise à sécher. Après plusieurs débats, on a choisi d'asperger l'épave pendant 17 ans d'une solution de glycol suivie de 9 années de séchage lent!

Aujourd'hui même si le Vasa paraît en très bon état, les scientifiques font encore face à des problèmes de conservation liés notamment à la rouille qui détériore les boulons de la structure du navire mais surtout aux sulfites présents dans l'eau du chenal qui, une fois exposés à l'air, se transforment en acide sulfurique qui brûle littéralement le bois.

Découpe transversale de la poupe, 5 étages plus le lest

Le Vasa, un navire unique au monde, une source d'information exceptionnelle pour les archéologues quant à la vie au 17e siècle, un trésor que nous avons eu le privilège de visiter! Cette visite termine admirablement bien notre séjour à Stockholm, nous avons été ravis par cette ville. Soulignons enfin que Stockholm, c'est beaucoup plus qu'une ville, c'est aussi un archipel qui compte plus de 30 000 îles... mais leur découverte sera pour un autre voyage!  

Göteborg

24 et 25 août 2014

Après Stockholm, nous décidons de faire un petit détour vers Berlin. Enfin, pas vraiment un détour puisque nous n'avons pas de plan précis mais bon, ce n'était pas dans nos intentions à prime abord mais, pourquoi pas? Plusieurs voyageurs nous ont dit beaucoup de bien de Berlin alors, allons y jeter un coup d'oeil pour juger par nous-mêmes... À bord d'un traversier, nous franchissons donc la mer Baltique vers l'Allemagne à partir de la pointe sud de la Suède mais, n'étant pas à un détour près (!) nous faisons un crochet vers Göteborg sur la côte ouest de la Suède pour un dernier clin d'oeil sur la Mer Noire.

Göteborg, 2e plus grande ville de la Suède après Stockholm, compte un demi-million d'habitants. Située à mi-chemin entre Oslo et Copenhague, elle fait face à la pointe nord du Danemark. C'est un port important notamment pour l'exportation du papier-journal, des automobiles (Volvo) et des roulements à billes (SKF), ces deux multi-nationales ayant leur siège social et leurs usines à Göteborg.

La fontaine de Poséidon, le symbole de Göteborg

Le centre-ville de Göteborg est animé avec de nombreuses rues piétonnières, des quartiers historiques et un grand parc où il fait bon se détendre. La statue de Poséidon, symbole de la ville, trône sur une grande place, face au Musée des Beaux-Arts sur la place Göta au bout de l'Avenue de la Porte Royale (Kungsportsavenyn... notre suédois s'améliore). Elle est vraiment imposante et son bassin est lui aussi largement incrusté de personnages mythiques, tous magnifiques. L'oeuvre est de Carl Miles, un sculpteur dont nous avons pu admirer plusieurs œuvres à Stockholm.

Ce gratte-ciel rouge et blanc et le voilier-école de la marine, des images fortes de Malmö

Le gratte-ciel Götheborgs-utkiken et le voilier-école de la marine sur les quais du bassin, face à l'Opéra, sont aussi des images fortes de la ville.

Dans le quartier Haga
Le quartier Haga est quant à lui reconnu pour ses maisons de bois typiques à deux ou trois étages, le roi ayant ordonné que les rez-de-chaussée des maisons soient construits en pierre pour éviter les incendies tellement dévastateurs à l'époque.

Bien conservé et restauré, Haga abrite aujourd'hui nombre de boutiques et cafés branchés.

Le Skansen, petit fort sur une colline de Göteborg
Un peu d'exercice nous conduit au sommet d'une colline où trône un petit fortin, le Skansen, d'où nous avons une belle vue sur toute la ville. On y voit notamment un grand Parc d'attraction, le plus grand de la Suède et aussi le lieu le plus visité du pays, nous dit-on, mais ce sera pour une autre fois... Les clochers des églises se détachent dans un ciel chargé de nuages qui nous font signe de rentrer au camping-car avant la pluie...  

Lund et Malmö

26 et 27 août 2014

Pont sur l'Oresund reliant Malmö (Suède) et Copenhague (Danemark)
Lund et Malmö sont situées à l'extrême sud de la Suède. À quelques kilomètres l'une de l'autre, elles font partie d'une des régions les plus dynamiques de l'Europe, la région de l'Oresund (du nom du détroit qui sépare la Suède du Danemark) qui inclut Copenhague, leur voisine d'en face danoise.

Lund ne serait qu'une petite ville de province n'eut été son université fondée en 1666. Elle est aujourd'hui la plus grande institution d'enseignement supérieure et de recherche de Scandinavie avec ses 46 000 étudiants, faisant de Lund une véritable ville étudiante. Fin août, c'est la rentrée, ici aussi les initiations font partie de la vie étudiante alors nous croisons des groupes de jeunes dans des accoutrements pour le moins bizarres!

Une partie de l'horloge astronomique de la cathédrale de Lund
Un parcours piétonnier dans la ville nous fait voir les principaux édifices historiques, tous reliés bien sûr à la Cathédrale et à l'Université. Le Jardin botanique encore bien fleuri rempli aussi de bonheur nos petits cœurs!

Un mot sur la cathédrale qui date du 12e siècle et qui échappa à la destruction lors de la Réforme de 1536. L'église contient plusieurs éléments artistiques provenant du Moyen-Âge dont notamment une spectaculaire horloge astronomique de 1424, de magnifiques stalles gothiques de 1370 ainsi qu'un superbe retable en bois datant de 1398.

La crypte, en grande partie inchangée depuis sa consécration, est un lieu impressionnant avec tous ses sarcophages et aussi deux piliers sculptés d'après Flynn, le géant, le fondateur légendaire de la cathédrale en 1123! Il y a beaucoup d'histoire qui flotte dans l'air de cette crypte!

Pour revenir sur terre et sur l'histoire contemporaine, soulignons que Lund est surnommée «la ville des idées». La présence de l'Université a fait de Lund une ville d'innovation. Ainsi, la ville peut se vanter d'avoir été le lieu d'invention de plusieurs objets ou techniques utilisées mondialement telles, les imprimantes à jet d'encre, les emballages de carton aseptique TetraPak, la machine à dialyse, le poumon d'acier, la technologie bluetooth etc.

En passant, un petit aparté savoureux... le nom «Bluetooth» est directement inspiré du roi danois Harald 1er, surnommé «Harald à la dent bleue», en anglais «Harald Bluetooth», connu pour avoir réussi à unifier les États du Danemark, de la Norvège et de la Suède à la fin du 10e siècle. Le logo de Bluetooth est d'ailleurs inspiré des initiales en alphabet runique du roi Harald. Quant à savoir pourquoi on le surnommait «dent bleu», il semble que certains hommes de haut rang en Scandinavie à l'époque d'Harald se limaient les dents et les recouvraient par la suite de pâte de couleur de façon à les colorer... Ah, ce qu'on en apprend des choses en voyage !

Turning Torso, 54 étages
Malmö quant à elle est la 3e ville suédoise, après Stockholm et Göteborg avec ses 300 000 habitants. Pour différentes raisons, dont sa situation géographique, Malmö est devenue au fil des ans la ville la plus multi-culturelle de Suède avec un grand nombre d'immigrants, environ 30% de sa population étant née à l'étranger.

La spectaculaire Turning Torso, construite en 2005, est l'emblème de la ville. C'est la deuxième plus haute tour d'habitation en Europe et le plus haut bâtiment de Scandinavie du haut de ses 190 m. Son architecte espagnol est le premier à avoir conçu un gratte-ciel de forme torsadée. Ses 54 étages sont composés de 9 cubes de 5 étages chacun qui tournent sur eux-mêmes en s'élevant. Ainsi le bloc le plus haut se retrouve décalé de 90 degrés par rapport à celui de la base. Soulignons que le «Chicago Spire» conçu par le même architecte reprend les mêmes principes de conception mais pour un immeuble trois fois plus haut. Sa construction a été toutefois suspendue en 2008, conséquence de la crise économique, mais on parle d'une reprise imminente des travaux.


Le vieille forteresse médiévale de Malmö et son moulin sont entourés de douves et d'un beau parc, un merveilleux endroit pour relaxer et se promener. La vieille ville, largement piétonnière, est truffée de petites boutiques et cafés-restos.

Malgré un extérieur plutôt standard, l'église St-Petri ne manque pas d'intérêt avec son intérieur tout blanc, ses chaudes boiseries et un mobilier arborant des sculptures élaborées.

L'Hôtel de ville et la fontaine de Malmö

Une magnifique fontaine orne la Grande Place face au majestueux Hôtel de ville. Nous adorons ces fontaines! C'est un plaisir renouvelé à chaque fois de les découvrir! Ce sont de véritables œuvres d'art vivantes, elles sont toutes différentes, chacune ayant son caractère propre et même ses fantaisies!

Une fanfare de bronze défile dans les rues de Malmö

Autour de la Grande Place, d'autres édifices historiques forment un agréable tableau rappelant que Malmö, au Moyen-Âge et au temps de la pêche aux harengs, était déjà très prospère.

Parc de Malmö, de magnifiques bronzes
C'est sur cette jolie note que se termine notre périple suédois. Ce sont donc 17 jours que nous aurons passés en Suède et 2 100 km que nous y aurons parcourus. Nous avons été enchantés de cette portion de voyage. Ce fut très différent de la Norvège sur plusieurs aspects mais comme nous apprécions les changements, celui-ci fut fort agréable. Nous ne gardons que de bons souvenirs de la Suède; bien sûr, comme toujours, il y aurait encore beaucoup à voir mais... Berlin nous attend!

Demain, un petit tour de bateau au programme depuis Trelleborg tout au sud de la Suède vers Rostock, en Allemagne, 6 heures de traversée pour rejoindre le continent européen. On se revoit à Berlin !